Correspondant local (Laurent Queyssi)
Un très bon petit (240 p) polar qui vaut le déplacement.
Arrivé complètement par hasard sur ma Kindle par la grâce d’un ami qui me connait peut-être plus que je le pense, je ne l’ai guère lâché, amusée par un style vivace et léger.
Ce qui est difficile, quand on est auteur de polar, c’est de trouver un angle qui permette de se démarquer alors qu’on doit aussi satisfaire à des codes assez stricts.
Le roman de Laurent Queyssi met en scène le correspondant d’un journal local (d’où le titre, qui est aussi basique et neutre que la couverture) revenu vivre (depuis quelques années déjà) dans sa bonne ville de Castelnau après quelques années en Australie (je crois que c’est ce qui m’a fait le sortir de ma PAL). L’autre voix du roman est celle d’un enfant devenu grand, que la vie n’a pas épargné.
Tous les codes du polar sont là, la technique étant masquée totalement par un style entrainant et un grand sens du suspense.
Ce que j’ai particulièrement apprécié est la capacité de l’auteur à capter et retranscrire les nuances. On a l’impression d’être immergée dans ce village, aux côtés du correspondant local, et tous les personnages rencontrés sonnent juste. Il n’y a jamais d’outrance comme souvent, ces brusques colères venues d’on ne sait où, ces gens qui jettent un verre de whisky sur le mur en sachant qu’il faudra nettoyer derrière ou qui lèvent les yeux au ciel en permanence – ou qui ont des nausées parce qu’ils sont émus.
On est là, au milieu des gens, on se pose les mêmes questions qu’Alexandre, on n’est pas trop gavés par son histoire personnelle qui, Dieu merci, ne l’a rendu ni alcoolique, ni divorcé, ni misanthrope, on n’est pas envahis par ses états d’âme non plus, bref, toutes ces exagérations dont nous usons souvent pour montrer les émotions de no protagonistes.
J’aurais pu voir deviner qui était le vilain méchant, parce que les indices étaient là, mais voilà, je ne l’ai pas vu – et pourtant, ce n’est pas comme si je n’avais pas d’expérience.
Je vous convie donc là aussi à lire cet excellent roman.
Avant qu’on me pose la question, pourquoi est-ce que je ne saute pas au plafond comme pour le dernier Laipsker (Le mangeur d’âme) (et la question vaut aussi pour Le cercle des mensonges, de Céline Denjean) ? Réponse : le thème. Le mangeur d’âme m’a cueillie sur un thème qui me touche particulièrement, alors que le Queyssi ou le Denjean abordent des sujets durs sans que je sois émotionnellement trop impliquée. Les trois sont vraiment très très bons et, si vous aimez les enquêtes, policières ou non, ne passez pas à côté.