Un cartel d’un nouveau genre, invisible et sans pitié.
Une drogue d’une pureté inédite.
Un réseau de dealers sous pression, déployé à travers l’Europe et coupé de la tête de l’organisation.
Un signe commun aux membres du cartel : Ecce Lex, tatoué sur le poignet. Quand des dealers sont capturés, ils se révèlent incapables de livrer le moindre indice sur leur commanditaire… Quand leurs cadavres ne servent pas déjà de bornes kilométriques.
Une légende de la police judiciaire aux dons de mentaliste, Cécile Sanchez, fait face à des tueries aux modes opératoires sans précédent.
Est-il possible de mettre des ombres en cage ? Dans quel enfer devra-t-elle descendre pour faire face au mal absolu ?
Bienvenue dans le Réseau Fantôme.
Mon avis
Depuis le temps que je vois tourner les bouquins de Ghislain Gilberti sur les réseaux sociaux, il était temps que je m’y plonge. Et je te le dis dès le début : ça marche.
Comme je ne suis pas adepte du genre, je te conseille de prendre mon avis avec des pincettes.
Pourquoi ? vas-tu me dire. Parce que c’est difficile de m’embarquer. Lorsque tu lis ton genre de prédilection, c’est comme monter dans un bateau, et s’installer à la proue : tu regardes devant, le paysage qui se déroule, les mouettes autour, tu essaies d’être le premier à apercevoir le rivage, pour un peu, tu écarterais les bras en criant.
Quand ce n’est pas le cas, c’est plutôt comme si tu étais assis à l’arrière du ferry. Tu t’en fiches un peu du rivage pourvu que tu l’atteignes, le moteur diesel refoule et tu n’as pas d’air. Et comme tu t’ennuies, tu regarde tout ce qui ne va pas.
Déjà, le tour de force de Gilberti, c’est de m’avoir embarquée – alors que pour moi, les thriller d’action, c’est un ticket direct pour la poupe (l’arrière du ferry). C’est hyper efficace, ça tabasse, c’est à dire que l’action arrive à un rythme très soutenu et à forte intensité.
Le style est très agréable à lire, mis à part une tendance aux superlatifs un peu excessifs qui surgit par vagues (“le flot d’images crues lui percute le mental avec un violence extrême” ou “son visage anguleux, à moitié avalé par de longues dreadlocks, est une menace psychologique pour quiconque y fait face“)
Les personnages sont travaillés, denses, crédibles et cohérents quasiment de bout en bout. J’émettrai des réserves sur Grux, qui est tellement différent au début et à la fin… Il a des circonstances, mais le changement est un peu trop important pour qu’il n’y ait pas d’explications. Je n’ai pas du tout accroché à la spécialité de Cécile Sanchez – mais c’est une discipline à laquelle je ne crois pas du tout. Bien sûr, nous parlons avec notre corps, mais de là tout décoder aussi précisément, non, je n’accroche pas. J’ai zappé les pages de descriptions de personnages, genre dix à la suite, j’ai trouvé ça complètement indigeste, impossible d’accrocher.
L’histoire est racontée chronologiquement, avec deux temps très distincts, ce qui casse à mon avis le rythme de l’intrigue. D’un autre côté, même si c’est un choix de structure sans originalité, il y a tellement de complexité par ailleurs (notamment la pléthore de personnages) que le choix d’une structure basique était probablement le meilleur pour ne pas embrouiller encore plus le lecteur. Ce n’est pas que l’histoire soit très compliquée, mais la simultanéité des points de vue et des actions exige que le lecteur garde le fil de sa lecture.
J’ai beaucoup apprécié, justement, cette espèce de choralité du roman (lorsque l’histoire est narrée du point de vue de plusieurs personnages) qui donne des éclairages différents tout au long du roman. J’ai beaucoup apprécié également qu’on ne s’appesantisse pas sur les états d’âme des personnages. C’est un écueil courant, et Gilberti l’a évité avec beaucoup d’adresse.
Sur le plan des points négatifs – plus exactement, ce que je n’ai pas apprécié dans ce roman, je citerai, en vrac et parce que ça ne vaut pas la peine de s’y apesantir :
- l’espèce de romance, que je ne trouve pas crédible, qui entraine des actions pas crédibles et les rares états d’âme pas crédibles du roman. Je comprends parfaitement qu’elle soit bien utile pour amener ceci et et cela mais on sent l’auteur mal à l’aise sur cet exercice, ce qui alourdit l’intrigue alors que le but, probablement, était de l’élever.
- la première partie se veut noire, l’est mais au bout d’un moment, c’est un peu saoulant, il y a trop de répétitions d’actions similaires et de comportements parallèles entre les méchants et les flics. On a compris que l’auteur veut montrer qu’ils ne sont pas si différents, pas la peine d’en étaler 3 cm sur la tartine.
- des petits sursauts de descriptions gratuites de violence inutile. J’impression que l’auteur a fait beaucoup d’efforts pour que ça ne soit pas too much, mais que ça lui démangeait les doigts parfois.
- de petits raccourcis faciles, comme le tatouage des membres de l’organisation sur le poignet.
Tout ce que je pourrais énumérer de négatif ne doit pas masquer le fait que c’est un excellent thriller d’action et que je comprends parfaitement l’engouement qu’il suscite. J’ai beau ne pas particulièrement apprécier le genre pan pan boum boum, je lirai la suite et je lirai aussi l’autre trilogie. Ghislain Gilberti est sans conteste aucune un auteur de grand talent à suivre.