L’Archipel des larmes (Camilla Grèbe)
C’est toujours pareil. A force d’entendre “Tu vas voir, tu vas te régaler” ou “Il est génial, c’est le meilleur”, mes attentes étaient très élevées.
Résumé
TROP DE LARMES ONT COULÉ SUR L’ARCHIPEL DE STOCKHOLM
Une nuit de février 1944, à Stockholm, une mère de famille est retrouvée morte chez elle, clouée au sol. Trente ans plus tard, plusieurs femmes subissent exactement le même sort.
Dans les années 80, le meurtrier récidive mais ce n’est qu’aujourd’hui que des indices refont surface.
Britt-Marie, Hanne, Malin…
À chaque époque, une femme flic se démène pour enquêter, mais les conséquences de cette traque pourraient s’avérer dévastatrices.
Mon avis
On va tout de suite se mettre d’accord sur une chose : c’est un très bon bouquin. C’est un bon polar. C’est une très belle saga sanglante. Et je me suis faite cueillir – je n’avais pas deviné le fin fond de l’histoire avant qu’on me la serve sur un plateau. Rien que pour ça, se faire embarquer, ça vaut la peine de le lire.
On retrouve avec plaisir des personnages connus, dans des environnements inattendus, ce qui est inhabituel et touchant. L’intrigue est très solide, bien construite, intelligente.
On retrouve dans L’Archipel des larmes ce que j’adore chez Camilla Grèbe, sa capacité à montrer sans prendre partie, à prendre le lecteur par la main pour le mettre face à des réalités d’un pays qu’on a souvent passées sous silence. Loin du paradis social démocrate qu’on nous a vendu – qu’on tente encore de nous vendre – la Suède est un pays qui doit aussi lutter contre ses pesanteurs et les réticences de certains membres de sa communauté à s’ouvrir au retour des femmes dans la vie de la cité.
Tu va trouver que je pinaille (mais si tu lis mes chroniques, tu sais que la pinaillerie est dans mon ADN) mais je ne sors pas de la lecture de ce roman totalement satisfaite.
C’est peut-être parce que je ne suis pas trop acheteuse des grandes sagas. Couvrir autant de décennies, avec autant de personnages de femmes fortes qui se succède, fatalement, ça conduit à ne pas s’appesantir sur chacune d’elle et ça m’a manqué. J’aurais préféré deux fois plus de pages pour avoir le temps d’observer ces femmes évoluer dans leur environnement. A la place, on trouve parfois des raccourcis qui n’enlèvent rien à l’histoire, mais limitent l’expérience immersive que j’ai pu vivre avec les précédents romans.
Paradoxalement avec le paragraphe précédent, j’ai aussi eu le sentiment au cours du deuxième acte que ça tournait un peu en rond, que l’auteur brouillait les pistes, créait des écrans de fumée (ce qui est son boulot, je sais, mais je les ai vus et l’artificialité m’a dérangée).
Si bien que, je m’en aperçois en l’écrivant, j’ai un peu les mêmes remarques à faire qu’avec L’ombre de la baleine : il y a parfois des longueurs et ailleurs, certains passages sont trop condensés à mon goût, il y a des événements dont on ne lit que les conséquences mais pas vraiment la réalisation et ça m’a manqué, c’est une porte qui n’est pas fermée pour moi.
Malgré ces remarques, les quatre romans de Camilla Grèbe sont des polars d’une qualité qui est plutôt rare aujourd’hui et c’est un auteur dont j’achèterai le prochain roman les yeux fermés.