Pervers Narcissiques (Anne Clothilde Ziégler)
Voilà un ouvrage que je pourrais recommander à presque tout le monde. Histoire personnelle et inclinaison à la curiosité font que je m’intéresse depuis longtemps déjà à ce sujet.
Les Pervers Narcissiques, c’est presque un thème à la mode, le genre qu’on met à toutes les sauces bien qu’il ne date que de 1986 (et pour moi, 1986, c’était hier et pas 10 ans avant ma naissance 🙂 ). L’auteure pointe ce fait, souligne le danger qu’il existe à voir des pervers narcissiques partout et délivre des définitions lumineuses de simplicité et de clarté.
Simplicité et clarté, c’est ce qui définit le mieux cet essai, qui est bien entendu un ouvrage à offrir à tous ceux qui sont victimes, qui ont été victimes, que l’ont soupçonne d’être victimes d’un pervers narcissique, mais également aux écrivains qui cherchent à affiner la psychologie de leurs personnages.
L’auteure définit simplement mais avec une grande précision les ressorts intimes de la perversion narcissique, montrant d’ailleurs à son égard une empathie confondante et toute à son honneur. Elle aurait pu, comme on voit souvent, se contenter de les présenter comme des monstres, non. Elle va au-delà, sans jamais minimiser leur capacité de destruction, elle explique leurs incapacités et même une certaine compassion (bien que celle-ci soit d’abord et archi-prioritairement destinée aux victimes). Et c’est bien venu : le pervers narcissique n’est pas un monstre. C’est un homme ou une femme, c’est réel, c’est proche, ce n’est ni fantasmé, ni imaginaire, ni un peu nébuleux.
L’essentiel de l’ouvrage consiste en situations simples de manipulations à l’œuvre, ces situations en apparence anodines qui, ajoutées à leur répétition, rendent la destruction à la fois indécelable et imparable. L’auteure le souligne : la seule solution durable, c’est de fuir. Elle n’a écrit ce livre que pour aider des victimes qui ne peuvent pas fuir dans l’immédiat.
Ces situations décrites sont des situations de couple, mais également amicales, entre parents et enfants, dans la vie professionnelle, après le divorce, etc.
On passe ensuite au décryptage :
- Qu’est-ce que le manipulateur est en train de faire ? Exemple : “il arbore un masque de bienveillance pour appâter sa proie”, “Il assène une interprétation. Un comportement normal aurait été de poser une question ouverte sur ce choix” “cette posture de “sachant” est une manoeuvre pour prendre le pouvoir dans la relation”, etc.).
- Quel est l’impact sur la victime ? (exemple : “Elle accepter de se remettre en question et entre dans la confusion à propos d’elle-même : elle se demande s’il est vrai qu’elle n’aime pas cette partie de son corps [reproche qui lui est adressé] parce qu’elle a repéré qu’elle ne s’aimait pas toujours”)
- Que pourrait-elle faire pour se protéger (exemple : “prendre conscience qu’il énonce une opinion qu’il veut faire passer pour une vérité”)
- Quelques questions pour aider la victime. Nous ne tombons en effet pas par hasard dans la manipulation. Le pervers narcissique est doué d’une grande empathie qui lui permet de cerner nos points faibles, nos failles, les ressorts sur lesquels appuyer pour nous faire tomber dans sa manipulation et les questions suggérées par l’auteur visent à nous en faire prendre conscience. Par exemple : “Où et quand et avec qui a-t-elle appris à renoncer à sa pensée propre, à son discernement, pour adopter celle d’un autre et ainsi pouvoir l’admirer et/ou s’en faire aimer ?”
Anne Clothilde Ziegler ajoute des zooms sur les manœuvres les plus courantes des manipulateurs. Par exemple :
“Le climat de terreur : il s’agit, à force d’offensives surprises, d’agressions plus ou moins cachées, d’ordres flous et contradictoires, d’instaurer un climat de tension voire de terreur, où la proie s’attend à subir une attaque à tout moment, de façon imprévisible. Cela permet au prédateur d’obtenir de la soumission sans rien avoir à faire et de prendre le pouvoir en maintenant la proie sous stress constant”.
A une époque où on parle beaucoup de violences domestiques et où l’on se demande comment protéger les victimes, cet ouvrage d’Anne Clothilde Ziegler permet d’apporter à certaines d’entre elles la meilleure des protections : la prise de pouvoir. La reconquête d’elles mêmes. La prise de conscience que ce livre peut procurer sera certainement, pour beaucoup, la porte sur la liberté. Non vous n’êtes pas folles, non, vous ne délirez pas, et vous ne pouvez pas gagner la bataille. Vous devez fuir.
4ème de couverture
La perversion narcissique décryptée en 50 scènes du quotidien pas si anodines.
” Comment est-il possible que je n’aie rien vu ? ” : c’est la question qui taraude les personnes qui ont été sous l’emprise d’un(e) pervers(e) narcissique. Persécuteur se dissimulant sous un masque de charmant, le pervers narcissique instille son poison de manière sournoise, répétée, par des manœuvres quasi anodines : une remarque au débotté, une petite maladresse, un regard légèrement appuyé… Les personnes manipulées ont souvent l’impression que leur réaction émotionnelle forte est disproportionnée au regard de ce qui s’est produit. Pourtant, il n’en est rien !
Dans cet ouvrage, Anne Clotilde Ziégler donne à voir avec précision la façon dont se referme le piège de la perversion narcissique. Au travers de 50 scènes illustrant ce que l’on peut vivre auprès d’un manipulateur –; des situations bien réelles, qu’elle a recueillies au cours de son travail de psychothérapeute –;, elle identifie et analyse finement les ressorts de la manipulation. Illustrés par les dessins glaçants de Gomargu, ces 50 arrêts sur image constituent une radiographie de la perversion narcissique, mais surtout un outil pour aider à les proies à se protéger en attendant de pouvoir partir.