Marquée à vie (Emilie Schepp)
“La nouvelle reine du polar suédois“, promet l’éditeur.
Bon, depuis le temps, j’ai appris à me méfier de ces bandeaux accrocheurs.
Après plusieurs déconvenues d’autant plus décevantes que les romans étaient par ailleurs bien écrits, j’avais envie d’un bon petit polar de derrière les fagots – le genre à lire au coin du feu, avec une tasse de chocolat au lait à portée de main et une couverture sur les jambes (je ne suis pas folle, c’est l’hiver chez moi).
J’ai trouvé le résumé de l’éditeur accrocheur :
Norrköpping, Suède. La procureure Jana Berzelius arrive sur la scène du meurtre d’un haut responsable de l’Immigration en Suède, assassiné dans sa maison, au bord de la mer Baltique. Le tueur n’a laissé aucune trace. Etrangement, les seules empreintes que l’on retrouve sont celles d’un enfant…
Quelques jours plus tard, sur un rivage désolé, on découvre le corps du meurtrier. Un très jeune garçon. Avec sur la nuque le nom d’un dieu grec, grossièrement gravé dans la chair. Cet horrible stigmate provoque chez Jana, pourtant réputée pour sa froideur, un séisme sans précédent. Car elle porte la même scarification, dissimulée sous ses cheveux. La marque d’un passé qui ne lui revient que par flashs incontrôlables…Dans l’univers d’Emelie Schepp, le Nord ressemble moins à un tableau mélancolique qu’à un conte cruel d’Andersen. Avec son héroïne aux deux visages qui émeut autant qu’elle surprend, Marquée à vie met progressivement à nu les différentes strates de la violence et les ressorts psychologiques de la survie, grâce à un suspense parfaitement maîtrisé.
Ça commence plutôt bien même si on se rend assez vite compte que l’héroine, Jana Berzelius est un peu tartignolle sur les bords. Le côté badass qui a tout oublié, bon… j’aurais du me méfier. Je n’en ai pas rencontré de vraiment bonne depuis Kathy Mallory – et ça fait un paquet d’année que je n’ai pas lu un Carol O’Conell.
Ça sent la recette d’écriture créative à plein nez, les personnages ont ce qu’il faut de névroses pour leur donner l’air normal, la première scène accroche et on a un retournement au bout de 10 pages. Très bien. Après tout, c’est un premier roman, on ne va non plus lui demander d’avoir acquis la maîtrise d’un Bernard Minier, Franck Thilliez, Henning Mankel ou Jo Nesbo.
Sauf que :
1/ ça n’est pas un polar. Il y a un vague mystère, mais même moi qui ne devine jamais rien, j’avais déjà l’histoire complète avant même la moitié du livre.
2/c’est donc un thriller. Ok, allons-y pour un thriller. Après tout, j’ai adoré le Cheptel même si on savait qui était le méchant dès le début (ça, c’est parce que tu commences à te dire que je n’aime jamais rien. Si, ça arrive).
Sauf que le principe du thriller, c’est que tu as envie de tourner les pages pour savoir :
1/ ce qu’il va se passer
2/ si le héros va triompher (enfin, bon, ça on s’en doute)
3/ par quelles horreurs il va devoir passer avant de triompher.
Comme à 47% du livre je savais déjà
- qui était le tueur.
- pourquoi il avait tué.
… il n’est pas resté grand chose comme surprise.
J’aurais aimé pouvoir te dire que, comme Somb, Marquée à vie pouvait te procurer un plaisir tranquille, sans arrière pensée philosophique venue perturber ta digestion de chocolat au lait. Même pas.
C’est dommage, il y avait un bout d’histoire qu’il aurait été intéressant de développer de manière un peu plus dramatique, en prise avec le modèle social suédois et l’évolution de la société. Marquée à vie laisse le goût d’un assemblage hétéroclite et hétérogène d’éléments de Creative writing. Je n’ai pas réussi à ressentir la moindre empathie envers les personnages qui semblent agir de manière froide et mécanique. Comme si le fait de cocher toutes les cases avait permis de remonter une clé et que, voyant son personnage bouger, l’auteur s’était dit : cool, ils vivent !
Non. Ils bougent.