Haine pour Haine (Eva Dolan)
Dans la famille de la Haine, je voudrais le grand frère….
Avec haine pour haine, Eva Dolan reprend les mêmes et recommence : deux flics d’origine étrangère (serbe pour l’un, portugais pour l’autre) enquêtent au sein de la section des crimes de haine de la ville de Petersborough, une cité ouvrière sinistrée à deux heures au nord de Londres. C’est le même sordide qui les attend. Des étrangers assassinés à coups de poings, de pieds, dans la rue. Un groupe d’immigrés fauchés par une voiture devant un arrêt de bus. On pense à un crime raciste commis par un local…
Difficile d’échapper à un sentiment de déjà vu en entamant la lecture de ce roman. Pourtant, avec les mêmes cartes, Eva Dolan réussit à refaire du neuf avec du vieux. Bien sûr, ça va parler racisme, haine, médiocrité et misère. Il y a des immigrés de la première génération, des enfants d’immigrés, des anglais bien blancs, des leaders d’extrême droite et des journalistes. Il y a des idéaux qu’on a fini par fouler aux pieds, et d’autres qui résistent. Il y a des morts qui ne sont ni oniriques ni fantasmées. Petersborough, c’est sale, ça pue, ça se déteste et les meurtres, les émeutes et la violences prennent à la gorge le lecteur aussi bien que les enquêteurs.
Eva Dolan a, avec Haine pour haine, une bonne histoire. Une de ces histoires dont on veut connaitre les tenants et les aboutissants. Et en plus, elle sait bien la raconter, ménager les questions, nous faire lanterner, gamberger, sans jamais nous étourdir de rebondissements artificiels ni appeler à la rescousse les éléments pour donner un peu de piquant à son propos. C’est solide, c’est fiable, ça file droit. On prend le livre et tout se déroule jusqu’à la fin, comme ça.
Le portrait de l’Angleterre dressé par Eva Dolan est certainement désespérant, mais il a le mérite d’être éclairé, éclairant et de nous laisser faire notre propre jugement.
Résumé
Ils ont été assassinés à coups de pied, dans la rue, sauvagement. Leur seule faute : être étrangers. Quant à leur agresseur, il n’a même pas songé à éviter les caméras de surveillance. Visage masqué, il s’est planté devant elles pour signer son acte barbare d’un salut nazi. Et comme si cela ne suffisait pas à la section des crimes de haine, trois travailleurs immigrés sont renversés par un chauffard qui prend la fuite. L’inspecteur Zigic et sa partenaire, le sergent Ferreira, reçoivent alors une consigne claire : ne surtout pas ébruiter la piste raciste auprès des médias, que les deux affaires soient liées ou non. La ville de Peterborough est déjà au bord de l’implosion. D’ailleurs la police n’est pas la seule à s’inquiéter : pour Richard Shotton, député local d’extrême droite en pleine campagne électorale, ce serait une publicité fort malvenue…
Edité chez Liana Levi le 10 janvier 2019
425 pages
Paru en Poche chez Points le 6 février 2020
456 pages
Les impliqués (Zygmunt Miloszewski) – Mes polars et le reste
août 31, 2020 @ 9:02
[…] les bons polars et qui ne sont pas à la recherche d’émotions fortes. Ceux qui ont aimé Haine pour Haine ou les Chemins de la Haine, par exemple, y trouveront leur bonheur, mais aussi ceux qui ont aimé […]