Résumé
Centralia, État de Washington. La vie d’Owen Maker est une pénitence. Pour s’acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion.
En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne une maison divisée en deux. Il est l’ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. Car, si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni le chantage au suicide de Sally ni les scènes qu’elle lui inflige quotidiennement et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d’elle.
Mais, alors qu’une éclaircie venait d’illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d’un tueur qui sévit en toute impunité dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L’enfer qu’était son quotidien n’est rien à côté de la tempête qu’il s’apprête à affronter
Mon avis
L’histoire qui sous(tend ce roman est plutôt intéressante et pourrait donner lieu à de nombreux rebondissements. Malheureusement, une bonne idée et un bon roman n’ont pas forcément grand chose à voir, et cette affirmation est démontrée de manière éclatante par Les cicatrices de Claire Favan.
Je n’ai pas une grosse culture de polars/thrillers français, ayant consacré l’essentiel de ma vie de lectrice à des auteurs anglophones ou scandinaves (voire danois). Après plusieurs déceptions et devant les critiques dithyrambiques qui ont accompagné la sortie de ce 5ème ouvrage de l’auteur, j’ai cru taper dans une valeur sûre du polar/thriller français.
La déception a été à la hauteur de mes attentes.
- Le style est assez pataud. On n’attend pas forcément de grande littérature ni d’envolées lyriques avec un polar, mais la lecture est tout de même laborieuse.
- Les incohérences. Ce roman donne l’impression d’avoir été écrit au fur et à mesure, sans planification. Certains auteurs sont très doués à cet exercice, comme Stephen King et Céline Denjean. C’est très casse-gueule, parce que certains éléments arrivent comme des cheveux sur la soupe (la mort de la fille d’un des protagonistes, par exemple), ce qui nuit considérablement à la crédibilité de l’histoire. Il ressort de la lecture ce roman une sensation d’histoire baclée et d’écriture qui n’est pas aboutie.
- La psychologie des personnages (ou plutôt son absence). Un des points primordiaux du polar/thriller, c’est la psychologie du personnage. Parce qu’il va falloir faire avaler au lecteur qu’un des protagonistes, au moins, a priori au dessus de tout soupçons, est en réalité un affreux pervers. Ce qui signifie que le lecteur, une fois qu’il sait, va pouvoir relire le livre et relever des indices, des traces qui lui sont passées inaperçues mais qui prennent sens une fois la réalité connue. Rien de tout cela dans ce roman. Les rebondissements marquent un changement de psychologie des protagonistes, qui se révèlent soudain rigoureusement étrangers à eux-mêmes. Et cet aspect là, plus que tous les autres, m’a profondément agacé. Chacun porte en soi une part de lumière et une part d’ombre et le talent du romancier consiste à faire coexister dans l’esprit du lecteur cette part de lumière et cette part d’ombre. Ces deux aspects doivent se compléter pour former un tout cohérent. On ne peut pas être à la fois très bienveillant et très cruel. A moins de simuler l’un et l’autre. Rien de tout cela ici, ce qui rend les protagonistes grotesques.
- L’intrigue est téléphonée. Bien que je ne sois pas coutumière du fait, j’ai tout vu venir des dizaines de pages à l’avance, ce qui, comme tu peux le comprendre, casse la dynamique de la lecture.
- Les clins d’oeil à ses copains. Ca peut être drôle, je trouve ça assez malvenu. Toutes ces références à Norek, Takian ou Lebel ont un côté : “regardez comme je fais partie du cercle” qui n’est pas très élégant.
Bref, je ressors de cette lecture très déçue, et encore un fois bien agacée d’avoir été prise pour une imbécile par l’éditeur.