Sacrifices (Ellison Cooper)
Est-ce que tu dois courir acheter Sacrifices, de Ellison Cooper ? Certainement pas. Mais s’il croise ton chemin et que tu as envie de détente, tu passeras un bon moment.
Résumé
Neuroscientifique, spécialiste du comportement des psychopathes, Sayer Altair est appelée d’urgence par le FBI. On vient de retrouver des ossements humains dans une grotte perdue du parc national de Shenandoah. Un tueur semble y déposer ses victimes depuis des décennies. Lorsque l’affaire est reliée à la disparition inquiétante d’une femme et de sa petite fille quelques mois auparavant, une course contre la montre s’engage pour les retrouver avant l’issue fatale.
Alors que l’enquête semble au point mort, un psychopathe anonyme dont Sayer étudie le profil, le Sujet 037, lui propose son aide. Mais peut-elle vraiment lui faire confiance ?
Mon avis
Commençons par le positif :
Ce que j’ai aimé
- Comme la plupart des thrillers anglo-saxons qui parviennent en France, la structure en trois actes est maîtrisée.
- C’est plutôt bien écrit. Pas de la littérature, mais un style qui n’accroche pas l’oeil.
- On ressent les émotions des protagonistes, le lecteur est même jeté assez rapidement dans l’action, c’est un véritable thriller.
Tu vas me dire : où est le problème ?
Le problème, c’est que les ficelles sont très, très grosses.
- On voit venir les retournements dix, quinze, cinquante pages avant. Ne pas être surprise par un roman de Duras ou de Modiano, ok, c’est dans le contrat non écrit entre l’auteur et son lecteur. Mais pour un polar ?
- Il y a vraiment beaucoup trop d’incohérences. Le personnage central par exemple : “neuroscientifique” : Kezaco ? Je présume que l’auteur a voulu, sinon se mettre en scène de manière idéalisée, projeter son expérience d’une manière sexy dans son bouquin (sa bio ici). Je n’ai pas trouvé ça crédible du tout et l’intervention de son sujet 037 m’a semblée plus proche du Deus Ex Machina ajouté après coup pour donner un peu de corps à l’ensemble que d’un élément cohérent de l’intrigue. Mais aussi dans le déroulé de l’enquête, les indices volontairement occultés… évidemment, impossible de développer sans divulgâcher.
- Trop d’actions surviennent de manière aléatoire ET providentielles. Je suis, en qualité de lectrice et d’auteur aussi, partisane de l’avalanche de conséquence : une action ou un choix initial entraîne une conséquence, qui elle-même entraîne une conséquence, qui elle-même entraîne une conséquence et, au bout de tout ça, l’enquête aboutit. Un peu à la manière d’un bel arbre, mais à l’envers. Si tu regarde bien, un bel arbre a un tronc et quelques branches majeures qui supportent l’intégralité de sa parure. Ici, on a un tronc (l’enquête est résolue), mais une multitude de branches qui s’y greffent. Une ou deux sont de vraies branches avec plusieurs ramifications, mais la plupart en sont pauvres, voire dépourvue. Il s’ensuit une sensation d’incomplétude, et de choix de la facilité, qui nuit au roman. C’est ce que j’apprécie particulièrement chez Céline Denjean, par exemple, et notamment dans Le cheptel, qui est un exemple du genre à mon avis. Il y a quatre fils, quatre points de départ, et ces fils vont se détricoter lentement, se déployer, se rejoindre parfois, et l’avalanche de choix et de conséquences découlant de ces trois fils aboutit à la résolution de l’enquête. Ici, l’enquêtrice est beaucoup trop aidée par la stupidité temporaire d’un ou autre des protagonistes, l’éclair de génie d’un ou l’autre des protagonistes, l’intervention miraculeuse de personnes extérieures à l’enquête, etc.
Malgré ces gros points négatifs, je suis allée au bout du livre, signe que j’avais quand même envie de connaître la fin, et sans zapper de pages, signe que ça se laisse bien lire tout de même. Mais Sacrifices ne restera certainement pas dans ma mémoire très longtemps : je l’ai terminé il y a quatre jours et j’ai du me référer à mes notes pour écrire cette chronique.
Un roman de plage, qui ne va pas faire appel ni à ton intelligence, ni à ton attention. Pas mal à condition de ne rien en attendre.