Résumé
Partout, il y a la terreur.
Celle d’une jeune femme dans une chambre d’hôtel sordide, ventre loué à prix d’or pour couple en mal d’enfant, et qui s’évapore comme elle était arrivée.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un corps mutilé qui gît au fond d’une fosse creusée dans la forêt.
Partout, il y a la terreur.
Celle d’un homme qui connaît le jour et l’heure de sa mort.
Et puis il y a une lettre, comme un manifeste, et qui annonce le pire.
S’engage alors, pour l’équipe du commandant Sharko, une sinistre course contre la montre.
C’était écrit : l’enfer ne fait que commencer.
Les plus
- C’est bien écrit, l’écriture est fluide
- Les personnages sont bien campés.
- L’intrigue est bien menée à défaut d’être satisfaisante.
Les moins
- Pas d’émotions.
- Des ficelles un peu grosses.
- Un thème “à la mode”, traité sans originalité (l’intelligence artificielle et les big data, c’est le Mal).
- Beaucoup d’a priori et de préconçus (la trilogie SM/Metal/Transhumanisme).
- Beaucoup de “prêt à penser” (alors que c’est ce que le roman dénonce).
- Des maladresses grossières.
- Une fin tirée par les cheveux.
- Manque de rigueur dans l’écriture (scènes qui mélangent plusieurs points de vue, affirmations, etc.).
Mon avis
J’étais super contente de terminer Luca, encore plus que de le commencer et je m’interroge sur l’utilité de continuer à lire cet auteur. Neuf fois sur 10, je suis enchantée du début, surtout quand, comme celui-ci, je sors d’une longue série de livres que je n’ai pas aimé ou que je n’ai pas terminés tellement c’était une souffrance, et la fin me laisse sur ma faim (oui, je sais, c’est facile), voire me met en colère.
Donc, disais-je, ça commence bien, même si le thème principal (l’intelligence artificielle) a un petit côté “à la mode” déjà un peu dépassé. Passons. C’est Thilliez, donc c’est bien écrit, ça démarre de manière très prometteuse. On retrouve des personnages qu’on connait à défaut de les aimer. Et puis, et puis à partir de la fin du premier tiers, ils m’énervent. Sharko, gros pépère qui ne supporte pas le changement, Lucie, complètement effacée, qui se fait rembarrer méchamment et vient lécher la main qui l’a frappée, Nicolas qui pigne, Audra qui est teeeeeelllement pleine de mystère.
Ce qui m’a vraiment gênée dans ce livre, par ailleurs, je le répète, bien écrit et bien construit, bien mené, c’est un pro pas de souci, c’est :
- l’habitude de Thilliez de ne pas choisir de personnage point de vue : on est tantôt dans la tête d’un protagoniste l’espace d’une pensée ou d’un ressenti et tantot dans la tête d’un autre. Comme une scène avec une caméra qui saute d’un personnage à l’autre, ça me donne le tournis et c’est (peut-être) une raison de mon problème numéro 2
- ZERO émotion. Mais alors, zéro de chez zéro. Il n’a pas réussi à m’embarquer, à aucun moment je n’ai ressenti, souffert, aimé, désiré, pleuré, eu peur avec un de ses personnages. Ce livre me fait l’effet d’une espèce de mécanique froide qui applique des recettes, mais sans le coeur qui bat derrière. Un comble pour celui qui (on en arrive à mon numéro 3)
- l’intelligence artificielle, les big data, les GAFA, etc. Oui, il dénonce beaucoup, beaucoup de choses, ça part un peu dans tous les sens et ça se mélange. Miniez s’est contenté de dénoncer l’intelligence artificielle. Thilliez a vu grand, mais qui trop embrasse mal étreint et du coup, c’est un peu brouillon, surtout à la fin. Et surtout, surtout, (on en arrive au 4)
- L’auteur juge. Normalement, quand un auteur dénonce, il le fait subtilement en mettant en scène des opinions différentes, en donnant des arguments pour que son lecteur “se rende compte” à défaut de se mettre à partager les opinions de l’auteur. Là, on n’a pas le choix : les big data, Facebook, internet, les techniques anti-vieilissement, la recherche en bio-technologie, tout ça, c’est MAL.
- Il utilise en permanence des affirmations, comme s’il savait. Du coup, moi, qui ait une sainte horreur qu’on me dise quoi faire et surtout quoi penser, ça m’a hérissée.
- Enfin, des incohérences qui sont assez peu pardonnables à ce niveau de professionnalisme : le pêcheur qui explique à une inconnue une technique d’implantation in vitro euh, parle d’ovules et de compatibilité immunitaire (je ne donne pas plus d’exemple pour ne pas divulgacher) juste après avoir expliqué qu’il avait les mains coupées par le nylon des filets de pêche… euh, j’ai fréquenté les bars de marin tôt le matin et peut-être que l’auteur devrait sortir de ses salons parisiens ou de ses plaines du Nord… Je passe sur le mépris pour les bretons, il n’aime pas la Bretagne, (pas de bol, c’est le seul endroit de France qui me plait ?, Thilliez n’a pas arrangé ses affaires). Le bébé qui nait avec 15 jours d’avance en couveuse, ben pareil. Un bébé qui nait avec 15 jours d’avance et même trois semaines, il est terminé, pas de couveuse, même à Auxerre ?. Les flics qui ne savent pas qu’on peut implanter une puce sous la peau au début… Un, mais tous euh non, j’achète pas, y en a au moins un qui est obligé de savoir.
Mon verdict
J’ai passé un bon moment au début, et puis ça s’est mis à faire comme le type super beau avec qui tu as un rencard qui s’avère être une coquille creuse, avec un avis définitif sur plein de choses et des propos qui partent dans toutes les directions.
Verdict: on ne prendra pas le petit déjeuner ensemble.